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Le Beaujolais Nouveau [22/11/2017]
De l’histoire à la fabrication, en passant par le fameux goût de banane… Quelques points clés sur le Beaujolais Nouveau

À Beaujeu, dans le département du Rhône, se passe un événement particulier une fois par an. Une procession de brouettes transportant des sarments enflammés, déambule dans les rues de la petite ville
Ce n’est pas un rite druidique, ni une nouvelle méthode de recyclage des déchets végétaux. Non. Ce jeudi, comme tous les troisièmes jeudis du mois de novembre à Beaujeu, c'est la fête des Sarmentelles. Elle donne le coup d'envoi, à minuit pile, de la perce des premiers tonneaux de beaujolais nouveau.

L’historique
le vin nouveau est apprécié depuis l’origine de la consommation du vin. En effet, dans l’Antiquité, le premier jus une fois le raisin pressé, était proposé aux vendangeurs. On le nommait la Serva Potio.
Deux semaines après la fin des vendanges, au Moyen-Âge, le vin était mis sur le marché. Il s’agissait donc d’un vin très jeune qui évitait l’oxydation s’il avait été transporté et donc conservé dans des tonneaux de mauvaise qualité.
Chaque année depuis, cette période d’après-vendange est festive et ces célébrations marquent la fin du labeur de l’année viticole.

Dans la région du Beaujolais au début du XXème siècle, lorsque la période de la nouvelle récolte de raisins arrivait, les débitants de boisson devaient répondre à la demande de leurs clients. Et ce de manière rapide car d’une part les stocks étaient presque vides, ou bien le peu qu’il restait commençait à tourner au vinaigre.
Pour remplir leurs caves le plus rapidement possible, ces mêmes débitants avaient trouvé la parade : acquérir des tonneaux de vin encore en fermentation, directement dans les vignobles.
Vous commencez à percevoir les prémices de la tradition du beaujol’ ?
 
C’est dans les années 50 que cette tradition fera l’objet de critères bien spécifiques lors d’une décision réglementaire datant du 13 novembre 1951.


La règlementation
En septembre 1951, « les producteurs ne sont autorisés à faire sortir de leurs chais les vins (…) qu’à dater du 15 décembre «  précise un arrêté sur la commercialisation du vin.
Seulement, pour les vins primeurs du Beaujolais, le 15 décembre est une date trop tardive. La possibilité de les mettre sur le marché avant cette date est demandée.
C’est en novembre 1951 qu’une note officielle permet à certaines appellations de ne pas attendre le 15 décembre. Des Bourgogne blancs, mâcons blancs, Gaillac font partie de la liste concernée et également ceux… du Beaujolais !

Cette date marque la naissance officielle du phénomène du beaujolais nouveau !

Un autre décret officialise le troisième jeudi du mois de novembre comme date de mise en consommation des vins primeurs. Le beaujolais en fait partie.
Pourquoi un jeudi ?
C’est surtout à cause de gestion de transport. Si le jour de commercialisation tombait un dimanche, cela poserait quelques soucis logistiques.

La fabrication
Le Beaujolais Nouveau dépend d’un cahier des charges bien précis que les producteurs se doivent de suivre scrupuleusement.
Tout d’abord, les raisins doivent être récoltés manuellement.  Ce raisin, le cépage donc, ne peut être que du Gamay à jus blanc - la législation autorise toutefois 15% d’autres cépages comme chardonnay, pinot noir ou aligoté .
Une des étapes primordiales - appelée macération - pendant laquelle le jus de raisin prend sa couleur rouge, est dite « carbonique ». Elle ne dure que quatre jours contre huit pour les autres beaujolais. Cette méthode de production est rapide et permet par conséquent de ne pas louper la date de commercialisation du troisième jeudi…

Les caractéristiques
À l’œil, la couleur du vin obtenu est presque violette (nuance apparentée à des vins rouges jeunes) et très brillante. En ce qui concerne le nez, il sera d’arômes de fruits rouges frais comme  la groseille, la fraise la framboise et parfois des notes de cassis.
Quand au palais, il sera frais, avec peu voire pratiquement pas de tanins et des arômes rappelant ceux perçus par le nez.

Le goût de vin ou le fameux goût de banane?
Petites notions de vinification : le jus de raisin, pour être transformé en vin, doit être en contact avec des levures. Ce sont elles qui transforment le sucre contenu dans le raisin en alcool.
Ces levures sont dites exogènes lorsque rajoutées par le vinificateur dans la cuve de fermentation. Elle sont également dites indigènes lorsque contenues dans la pruine du raisin - La pruine est une couche légèrement poudreuse qui recouvre les baies.

En 1987, il plut beaucoup dans le beaujolais. Sur les baies de raisin, la pruine ayant été nettoyée et lavée par cette pluie, les levures indigènes qui auraient dû faire leur part de travail pendant la fermentation n’ont pas pu puisqu’elles avaient disparu

Pour y remédier, des levures exogènes rajoutées par le vinificateur ont impacté le goût du vin en leur donnant un arôme bien spécifique. Cet arôme, vous l’avez compris, est celui de la banane.
Il est à noter que certaines techniques (la macération carbonique), utilisées pour la vinification des vins primeurs et donc pour le Beaujolais Nouveau donne le même arôme.
Il n’est donc pas impossible qu’en humant avec concentration le prochain verre de beaujolais dégusté, vous discerniez ces arômes si typiques.
Aujourd’hui, les viticulteurs mettent en œuvre leur propre savoir-faire. Il en ressort des Beaujolais nouveaux qui expriment le fruité du raisin tout en rendant parfaitement hommage au terroir.

Cet arôme de banane a la peau dure et chaque mois de novembre il est donc fréquent d'entendre de manière un peu ironique : "alors? Est-ce qu'il a goût de banane ou de vin cette année ?"


Les chiffres du Beaujolais
Du volume total de Beaujolais nouveau produit, 60% sont vendus en France.
Les autres 40% sont exportés dans le reste du monde. Ce volume équivaut à  plus de la moitié de la consommation de Beaujolais à l’étranger, toutes appellations confondues.
Un autre chiffre : cela  représente 90 millions de bouteilles exportées dans 140 pays différents.

Pour le marché international, les principaux  pays sont :
Le Japon (25%), les USA (20%) et l’Angleterre (17%).


Pour aller plus loin
Visitez le site : http://www.beaujolais.net

------- Sources
https://www.beaujolais.com
http://www.agriculture.gouv.fr
https://fr.wikipedia.org
https://www.gralon.net
http://hautcourant.com/

Abonnement au vin : le match de box [20/09/2017]

Dans le paysage des services d'e-commerce liés aux loisirs, le système d'abonnement aux box a pris une certaine ampleur ces dernières années (plus de 300 références). Il en existe de toutes sortes, pour tous les goûts, tous les budgets et dans des univers jusqu'aux plus originaux comme la Wanibox  où chaque mois vous recevez 5 à 6 produits de qualité adaptés à votre animal de compagnie; ou encore la bonsaï-box où vous recevez 3 ou 4 bonsaï par an.



 
Au milieu de toutes ces offres, les abonnements sur la thématique du vin ne manquent pas à l'appel. Mais la diversité est telle que la tête peut nous tourner...
Pour y voir plus clair, ces offres peuvent être classées en trois catégories : les offres "bouteilles »; les offres "bouteilles mais avec un p'tit truc en plus", et "les autres".

Décortiquons :


 
Les offres "bouteille"
Il s'agit de la majorité des box vin. Elles adoptent plus ou moins le même concept - recevoir 2 voire 3 bouteilles chaque mois - et chacune joue de divers arguments pour sortir du lot. L'un des arguments revient fréquemment : les bouteilles ont été choisies par Mr Untel (sommelier de tel restaurant renommé) ou  Mr Autre-untel (aussi chef sommelier du même restaurant renommé, mais pas à la même période... ). Les prix sont variables de 29€ à 40€ par mois environ.

D'autres box vous envoient des bouteilles diverses comme par exemple, des crus issus du Monde entier (par « My VitiBox », À partir de 20€) ce qui permet une découverte initiatique des vignobles du Monde. 

Un autre exemple, qui a de la bouteille dans le domaine des box puisqu'elle date de mars 2013 : « Découverte Vins Bio » . Son créateur arpente les régions de France à la rencontre de petits vignerons avec, pour cahier des charges essentiel, l'agriculture biologique pratiquée. Ce qui est intéressant, peut-être même primordial, ce sont toutes les informations complémentaires qui aident à comprendre ces vins, à les placer dans un environnement, à en comprendre la fabrication, à faire comme si le vigneron nous parlait de sa cuvée. Ici, avec Découverte Vin Bio, c’est le cas. Comptez 33.90€/mois

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Les offres "bouteilles simples mais avec un p'tit truc en plus"

Egalement répandues, ces offres sont une déclinaison du principe de la catégorie ci-dessus. Mais avec une valeur ajoutée qui peut parfois en faire un concept. 
Pour une box (« Mets & Vins ») vos deux, voire trois bouteilles sont envoyées, mais des produits du terroir sont rajoutés. Ils  sont choisis pour créer l’accord parfait. (À partir de 25.90€)

Autre principe : deux bouteilles vous sont adressées pour constituer une cave à vin (plusieurs formules de 19€ à 70€/mois)
 


Les autres

Il y a les hors normes, les ovni, ceux qui rentrent moins dans les cases. 
Par exemple un coffret-jeu de dégustation de vin tout compris. En substance : organisez, chez vous et en totale autonomie (aucun intervenant extérieur), votre propre initiation à la dégustation de vin. Le coffret comprend trois bouteilles sous chaussettes de dégustation (on ne voit pas l'étiquette) ainsi que tout le matériel nécessaire pour jouer et trouver de quels vins il s'agit. (« mysteresetbonnesbouteilles.fr », de 44,90€ à 49,90€)

Pour ce qui est du côté pédagogique, une toute nouvelle box est à noter : elle permet de suivre des cours de dégustation mêlés à de la découverte oenologique. Chaque mois, en fonction de la thématique ("La Vallée du Rhône", "les rosés",...) recevez une boîte de six vinottes (que sont les vinottes ? Des échantillons de 2cl dans des mini-bouteilles toute mimi) ainsi qu'un cours en vidéo superbement travaillé, brossant la thématique sous toutes ses coutures : histoire, géologie, appellations, cépages. Implacable...
Implacable pour se perfectionner en dégustation et découvrir des régions viticoles.




Pour résumer, toutes ces offres permettent de donner accès à des cuvées de qualité, qu’on n’aurait pas forcément choisies de nous-mêmes et pour la plupart d'un bon rapport qualité/prix.

Elles permettent aux aventuriers du verre, aux curieux des cuvées, ou bien aux connaisseurs naissants de découvrir des vins insoupçonnables et insoupçonnés accompagnés, pour tous ces vins, d'informations permettant de les déguster de manière la plus optimale possible



Si une note devait être donnée à toutes ces box, elle serait de vin sur vin.

Par F. Servant